LUDIVINE la suite des gens de Mogador





LUDIVINE
Ludivine Peyrissac est née en 1874, orpheline de père et de mère dès l'âge de trois ans, elle a été élevée par ses grands parents Arsène et Félicité Peyrissac. Son père Octave, seul fils d'Arsène et de Félicité, avait fait un mariage d'amour avec Delaïde de Romanin, ils avaient eu un fils puis une fille. Au cours d'un voyage d'agrément, ils avaient trouvé la mort ainsi que leur fils dans un accident de chemin de fer. Ludivine, trop jeune pour voyager, avait été confiée à sa grand-mère et, de ce fait en avait eu la vie sauve. A la mort de ses grands-parents, elle avait été mise au couvent, et Maître Daubenois était devenu son tuteur.  Très amie avec Elise, elle passait ses vacances  en leur compagnie. C'est en venant chez eux que Frédéric fait la connaissance de Ludivine. Frédéric est séduit par cette jeune fille, dont le caractère peu facile le charme. Il se moque gentiment d'elle, et elle le prend mal. Jouant l'indifférente, elle ne peut s'empêcher d'être très attirée par cet homme de dix ans son aîné. En rentrant à Mogador, Frédéric entretient sa mère Julia, de sa rencontre et lui demande conseil. Il n'est pas sûr de faire un bon mari. Sa mère lui répond qu'il fera le mari qu'il pourra, ce sera l'affaire de sa femme. Au nom de Peyrissac, Julia se souvient de la belle amitié qui les avait autrefois liés. Elle s'apitoie sur le sort de la petite orpheline. Mais Frédéric la détrompe, la petite sait se défendre. Cela réjouit Julia que le caractère trop doux et toujours égal d'Adrienne agace. 
"Elle est de bonne race, Frédéric, tu iras la chercher."
Frédéric était dans le petit parloir.Je suis venu vous demander si vous voulez être ma femme... Et après une cour en règle, le jour des fiançailles est arrivé.
Madame Daubenois, la notairesse ne comprend pas pourquoi Frédéric a choisi Ludivine, au lieu de sa fille Elise, qui présente selon elle des qualités plus agréables. Cependant, la gloire rejaillit sur elle quand elle annonce négligemment à ses amis qu'elle va à Mogador pour les fiançailles de Ludivine. Mogador est un domaine prospère, convoité par toutes les mères de famille pour leurs filles.A Mogador, Julia a souhaité recevoir sa future belle-fille en tête à tête. C'est Adrienne qui accompagne Ludivine dans la chambre de Julia. Julia est aussitôt séduite par la jeune femme. Et Ludivine adopte presque instantanément la vieille dame.Devant Ludivine, Julia évoque sa grand- mère Félicité, des réminiscences d'été brûlants à la Gloriette où Rodolphe venait la retrouver.....Il est temps de rejoindre les autres pour le repas de fiançailles. Ludivine est placée auprès de Raoul. Galant, Raoul se propose pour présenter à Ludivine les membres des familles Vernet - Angellier. C'est d'abord Lucie, sa mère Puis il lui avoue être marié avec Laure. Laure? Ludivine se rappelle l'avoir entendue dire " Jolie cette petite. Dommage qu'elle soit si noiraude". Ludivine sait déjà qu'entre elles ce sera "la guerre". Puis Raoul lui présente son père, le bon Antoine, le frère de Rodolphe Ensuite c'est au tour de Georges, le frère de Raoul, peintre à ses heures. Viennent ensuite le frère et la soeur de Raoul, Léon et la jolie Caroline Il y a aussi l'Oncle Constant le frère de Julia et de Sophie qui reste célibataire. Il est aussi le père d'Edmond, d'Emilie et de Blanche. Et puis il y a Adrienne, sa future belle-soeur qui d'emblée lui a montré de l'amitié Et il y a Hubert, qui montre pour Ludivine une admiration sans bornes. En fin de repas, Frédéric offre la bague de fiançailles, tandis que Clémence Daubenois permet au fiancé d'embrasser la fiancée. Mais le fiancé refuse l'opportunité et Ludivine est horriblement vexée. Elle garde contenance devant les invités, et laisse chacun admirer sa bague, mais elle est en rage. Pendant que le Conseil de famille se réunit pour discuter les détails du mariage, toute la jeunesse s'égaie dans le parc. Frédéric s'empare du bras de Ludivine pour lui faire visiter le parc et s'étonne de sa réticence. Ludivine nie être fachée. Mais Frédéric, charmeur, arrive à dérider la jeune femme.
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Le jour des noces est arrivé, Frédéric a supporté vaillament toute la cérémonie. Mais au sortir de la messe... Alors que Ludivine se tient fièrement auprès de son mari, Frédéric aperçoit Gustave. Et devant l'assistance médusée enfourche son cheval, se saisit de sa femme et l'emporte vers Mogador.Peu importent, les invectives de Ludivine, il en avait marre de toute cette "foire".



Après le voyage de noces à Paris, au mois d'Août, c'est le retour à Mogador. Mogador et les vendanges qui ont repris leurs droits sur Frédéric, Ludivine passe ses journées à l'attendre. Elle s'ennuie un peu entre Julia et Adrienne. Elle a hâte de retrouver Frédéric, il lui a promis une promenade à cheval. Mais celui qui arrive n'est pas Frédéric, mais Hubert, son beau-frère. C'est finalement avec lui qu'elle fera sa promenade. En Octobre, sur l'invitation des Vernet de Tourvieille, Ludivine, Frédéric, Adrienne et Hubert partent passer quelques jours en Camargue. Pour l'occasion, Ludivine n'a pas lésigné sur les bagages. Il lui faut être à son avantage. A Tourvieille, il y a Laure!!!! Le séjour y est délicieux et Ludivine n'y trouverait rien à redire, si ce n'est toutes ces jeunes filles qui tourbillonnent autour de Frédéric, et surtout Laure.
Laure, qui déjà mère d'un petit Numa est à nouveau enceinte, mais qui conserve encore sa taille, sa beauté, qui trône dans des flots de dentelles et profite de son état pour prendre des poses dolentes. Ludivine en bout de jalousie.
Après Tourvieille, c'est à la Sarrazine que les nouveaux mariés sont invités. Ludivine adore l'Oncle Constant, si bienveillant, et la famille de ce côté là est plus tranquille. Ludivine n'a pas besoin d'y exercer sa surveillance.

Fin novembre, alors que Frédéric s'absente chaque jour pour travailler sur le domaine. Ludivine s'ennuie, Julia a eu une forte crise qui la cloue dans son lit. Un soir en montant lui faire une visite et après avoir discuté sur les futures fêtes du bout de l'an qui doivent se dérouler à Mogador, de Laure que Ludivine n'aime pas, Julia se laisse gagner par le rire et suffoque. Effrayée, Ludivine en lui donnant sa potion a des hauts le coeur, Julia l'interroge et lance à Frédéric qui rentre qu'il lui faudra mener Ludivine chez le docteur. Il comprend, devant le regard triomphant de Julia que Ludivine a une bien belle maladie. Elle attend leur premier enfant. Depuis que les gens de Mogador ont appris cette future naissance, chacun s'évertue à rendre la vie plus douce à Ludivine. Cette sollicitude, bien qu'elle soit agréable lui pèse, à part quelques nausées, elle ne se sent pas si différente d'avant.
 Il n'y a que Julia qui réagit face à ce cocon qui se tisse autour de sa belle-fille. Elle qui a porté 6 enfants sans cesser de mener une vie active trouve l'atmosphère trop cotonneuse. Ludivine lui donne raison et aimerait bien faire quelques inprudences sans s'entendre constamment rappeler à l'ordre. Frédéric est adorable, attentionné et Ludivine trouve dommage qu'elle doive celà à son état. C'est à ce petit inconnu qu'elle en est redevable. Les fêtes de Noël sont passées, elle y a régné sans défaillances. Elise était là. Elle est toujours là et parle de son départ, mais Ludivine ne veut pas en entendre parler :
- Elise, que ferais-je sans vous Elise n'a jamais été habituée à cette démonstration d'affection venant de son amie d'enfance. Pourtant, elle tient à partir et insiste tant et si bien que Ludivine devine, dès lors elle insiste pour qu'Elise lui dévoile son grand secret.
La timide Elise s'exécute.
Il s'appelle Vincent Royer, il est médecin, il est grand, plus grand que Frédéric (ce qui vexe un peu Ludivine " comment peut-on être plus grand que Frédéric?"), très maigre, brun aux cheveux raides, un grand front, un long nez, une longue figure qui vous sourit. Et Ludivine saute de joie en sachant qu'il habite Barbegal, ainsi en épousant Vincent, Elise sera sa voisine!!!! Les mois de grossesse se succèdent, le printemps est là puis l'été. Ludivine se sent lourde, elle supporte mal son état, et bien que Frédéric soit d'une gentillesse à toute épreuve, Ludivine pour un rien entre en colère, boude plusieurs jours durant. Frédéric se lasse un peu, il s'en plaint à sa mère qui lui prône la patience et lui rappelle de ne pas oublier leur premier anniversaire de mariage. Un soir au dîner, alors qu'Adrienne donne des nouvelles d'Agnès sa filleule de 4 mois, fille de Raoul et de Laure, elle fait part de la demande de Laure de les voir bientôt à Tourvieille. Aussitôt Ludivine prend la mouche et accuse Laure de faire exprès de l'inviter alors qu'elle connait son état. Frédéric prend la défense de Laure, ce qui blesse doublement Ludivine. Elle se retire dans sa chambre sous l'oeil inquiet d'Hubert que la conduite de son frère exaspère. Le lendemain, jour anniversaire de leur mariage, Frédéric voulant oublier l'escarmouche de la veille, se montre tendre, mais Ludivine ne veut pas céder facilement, et bien qu'elle en meure d'envie, elle retarde "le traîté de paix". Elle ne mesure pas son agressivité et quand elle est prête à abdiquer, il est trop tard, Frédéric est fâché. Au moment du repas, c'est Adrienne qui trouve sous sa serviette le petit paquet initialement destiné à Ludivine, c'est une magnifique broche que dans un effort héroïque, Ludivine attache au corsage de sa belle-soeur. tout le reste du repas est une torture pour elle. Quel affront!!! elle se dit même qu'elle va en mourir.
Mais fort heureusement elle n'en meurt pas et donne naissance le onze août 1891 à une petite Isabelle. Dès que sa taille fut redevenue fine, Ludivine s'apaisa aussitôt. Isabelle ne la gênait pas, puisqu'Adrienne et Philo s'entendaient pour prendre soin d'elle. C'est à ce moment là que Ludivine décida d'accompagner Frédéric dans son travail. Au début, il pensa à un caprice, mais au fil du temps, il dut se rendre à l'évidence, Ludivine persistait et montrait un grand intérêt à la marche du domaine. Il s'en montrait heureux, et lui faisait partager ses réussites, ses soucis, ses inquiétudes. Au printemps 1892, Hubert s'apprêta à partir pour le régiment, triste de devoir quitter Mogador, triste de devoir quitter Ludivine, triste aussi de quitter Isabelle, si petite, qu'il adore et qui le lui rend bien. Le jour du départ est un véritable crève-coeur pour lui, Ludivine en robe jaune, Julia si petite, Mogador si beau dans la clarté de ce jour printannier. Peu de temps après, Ludivine et Adrienne se rendent à Avignon pour commander leurs toilettes d'été. C'est la première fois qu'elles voyagent seules, Frédéric est retenu au Domaine. Elles passent leur matinée en achats, Adrienne se laisse convaincre par sa belle-soeur, acceptant des choix qu'elle s'est toujours refusée.A midi, repas à l'hôtel Lance où les Vernet ont une table, pour se découvrir après le déjeuner désoeuvrées avant le passage du train de retour. C'est ainsi qu'elles poussent jusqu'à Orange pour rendre visite à Hubert. Hubert en est éberlué et se retrouve géné par son apparence, il se sent misérable et même s'il essaie de faire bonne figure, nul n'est dupe. Adrienne est tellement en peine qu'elle regrette d'être venue. L'été est là et avec lui forces réunions, réceptions, fiançailles et mariages.
C'est celui d'Elise et de Vincent.
Qu'elle est jolie, Elise, sous ses voiles de mariée, Ludivine s'étonne encore du choix de son amie, Vincent ne correspond pas vraiment au modèle que lui décrivait Elise pendant leurs années de couvent. Mais Frédéric s'est pris d'amitié pour Vincent et il aime bien Elise. Elise qu'il considère comme une soeur, qu'il respecte et avec qui il n'a nul besoin d'exercer son charme. C'est de ces incessantes festivités que Frédéric prend conscience de la coquetterie de sa femme, Ludivine aime bien être le centre d'une cour masculine. Frédéric s'en froisse quelque peu. Il hésite à lui faire des remontrances, peur d'apparaître jaloux, et puis Ludivine est si jeune.... C'est pour le mariage d'Emilie Angellier avec Julien de Clarens que tout arrive. Sa belle-mère a bien tenté de la mettre en garde, mais Ludivine qui ne pense pas à mal, ne peut résister aux compliments de sa cour dont André Marquet-Rageac en est le plus fervent. C'est avec lui que Frédéric se prend de bec et Raoul qui a tout compris prévient Ludivine. Elle découvre alors avec délice que Frédéric est jaloux. Mais quand elle le retrouve dans leur chambre, prête à s'expliquer, à s'excuser, il lui oppose un silence glacial. Au retour à Mogador, il demande à Eugénie, la femme de chambre de Ludivine de ne pas défaire son bagage. Et quand Ludivine, effrayée par la tournure que prend l'affaire, lui demande des explications, c'est avec indifférence et froideur qu'il lui prétexte un besoin de changer d'air. Il part, laissant Ludivine dans son chagrin. Résignée, elle a décidé de l'attendre en travaillant d'arrache-pied, Frédéric est parti au moment des plus grosses tâches. Fallait-il qu'il soit furieux? Ludivine en éprouve des bouffées de colère et se promet de lui faire payer cher son départ. Cependant les jours passent, Frédéric ne revient toujours pas, leur second anniversaire de mariage passe sans lui.
Elise est venue en visite, jeune épousée d'un mois, elle est heureuse et a pris avec le mariage une assurance qu'elle n'avait pas. Ludivine n'ose pas lui expliquer les causes du départ de Frédéric. C'est le lendemain qu'il revient, alors qu'elle est dans le bureau, elle a bien souvent imaginé ce retour, elle serait froide, méprisante, bien assise dans ses droits de femme abandonnée, mais voilà, les choses se passent rarement comme on les imagine et dans ce bureau, mal coiffée, tâchée d'encre, vêtue d'une vieille robe, le regard, le sourire de Frédéric ont raison de ses résolutions.
Et la vie reprend son cours, l'orage passé a raffermi leur amour, les amoureux traversent un océan de félicité conjugale.

Le calme revenu, la vie s'écoule paisible.
Visites à Elise et Vincent dans leur bonheur tout neuf. Vincent qui raconte avec simplicité et un sens comique irrésistible ses mésaventures professionnelles. Elise heureuse de voir se nouer cette amitié. Et puis les vendanges revenues, Ludivine s'inquiète, ne serait-elle pas.... enceinte? A cette éventualité, tout son corps se rétracte. Mais quand le doute n'est plus permis, elle décide de le cacher le plus longtemps possible afin d'éviter d'être cadenassée à la maison.
Le voyage annuel à Tourvieille se passe à merveille. Frédéric se montre très froid avec Laure. Il sait que c'est elle qui a excité sa jalousie lors du mariage d'Emilie. Georges espère exposer ses peintures à Paris. Léon passe des heures dans sa chambre à écrire son courrier pour Blanche Angellier, et part à bride abattue le poster. Ce qui fait dire à Antoine son père "Si on ne le marie pas vite, nous n'aurons plus ici que des bêtes fourbues". Caroline est moins joyeuse qu'auparavant, son amour pour Edmond Angellier semble sans espoir.

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Le mariage de Blanche et de Léon a lieu un beau matin de décembre 1892 dans l'église de Maillane, où Tante Sophie s'est trouvée mal d'émotion. Au mois de mai de cette année 1893, au lieu du fils tant désiré, c'est une petite fille qui arrive. Elle reçoit le prénom d'Anne. Hubert venu pour le baptême de sa nouvelle nièce est reparti, encore deux ans et  c'est définitivement que l'armée le libère, en ce début de printemps 1895,  il a du mal à retrouver ses marques. Mais bientôt, Mogador le reprend. Julia s'enorgueillit de ce garçon, son petit dernier. Moins grand que Frédéric mais presque aussi large d'épaule, il ressemble à Rodolphe, son père. Secrètement amoureux de Ludivine, il parvient malgré tout à donner le change. Il sort avec ses amis, s'amuse. Il fait aussi la connaissance de Vincent qui passe après ses visites reprendre Elise. Tous deux dînent à Mogador, car Julia qui aime bien Elise s'est aussi prise d'affection pour Vincent. Celui-ci lui apprend toute la chronique du pays, il n'hésite pas à lui demander conseil, lui tient tête parfois. Aussi souhaitent-elle qu'Elise, enceinte, lui donne un beau garçon. Un beau garçon!!! Ludivine se sent humiliée, même si ses filles sont adorables, elle sait bien qu'un fils est attendu. Et qui sait, peut-être le prochain? C'est d'abord à sa belle-mère qu'elle en fait la confidence, préférant attendre leur cinquième anniversaire de mariage pour l'annoncer à Frédéric, l'enfant doit naître après les fêtes du nouvel an. En attendant, c'est en septembre à la Sarrazine que naît un petit garçon, et Blanche a demandé à Frédéric d'en être le parrain.
Ludivine, bien qu'en forme,prend  prétexte de sa grossesse pour ne pas se rendre au baptême, depuis le mariage d'Emilie, elle n'est pas allée volontiers à la Sarrazine.
Frédéric, parti pour 4 jours ne rentre qu'au matin du 6ème. Et encore a t'il ramené les Camarguais avec lui pour le déjeuner. Ce qui n'enchante pas vraiment Ludivine.
En présence des cousins, Ludivine perçoit qu'il s'est passé quelque chose. Hubert a le visage contrarié et lance des regards peu amènes à son frère. Frédéric, lui, devise à voix basse avec Laure. Laure qui est aussi la marraine du petit Laurent - Frédéric!!! Eh! bien, la paix est faite  se dit Ludivine. Elle en est bien persuadée tout au long du repas. Et quand Laure les invite pour le traditionnel voyage à Tourvieille, Ludivine s'empresse de refuser. Mais Laure insiste, et Frédéric propose de faire l'inverse, pourquoi ceux de Tourvieille ne viendraient pas? Julia consultée pense qu'elle aimerait bien avoir Antoine et Lucie auprès d'elle quelques jours. Après s'être un peu fait priée, Laure cède. Et les voilà installés à Mogador, et Ludivine s'angoisse. Enceinte, ne se sentant pas au mieux de sa forme et de sa beauté, elle enrage de voir le manège de Laure. Sans compter celui de Frédéric, qui déploie forces astuces pour isoler la belle rousse.
Avec Ludivine, il peut  se montrer dur, injuste, puis redevenir gentil. Pour les contrer, Ludivine adopte une tactique qui consiste à se séparer le moins possible de Laure, lui montrant une affection qu'elle est loin de ressentir. Toute cette tension est éprouvante.
Un matin, attirée par des cris dans la chambre d'enfants, elle aide Adrienne à séparer Isabelle et Numa. Agnès paniquée hurle, sans que l'on puisse la calmer. Ludivine part à la recherche de Laure. En chemin, elle rencontre Tante Lucie, qui rentre de promenade et qui a vu Laure revenir à la maison en compagnie de Frédéric. A cette pensée, Ludivine se contracte. Elle les cherche au salon où ils ne sont pas. Elle se dirige vers la bibliothèque, endroit où l'on ne va plus guère. Elle espère de tout son coeur qu'elle sera vide, nulle voix ne s'en échappe, elle ouvre posément la porte. A ce bruit, Frédéric se redresse brusquement, il contourne le canapé, lui fait face d'un regard hostile. Elle essaie de sourire, lui dit qu'elle cherche Laure et la voix de Laure venant des profondeurs du canapé lui apprend que Frédéric lui cherchait un livre. "Les liaisons dangereuses" Ludivine trouve que c'est particulièrement bien choisi. Puis ignorant Laure, elle se tourne vers Frédéric, lui demande comment s'est réglé le problème sur le Domaine. Se réapproprie son mari, montrant à Laure son peu d'importance. Invite Frédéric à monter voir les enfants. Et se tournant vers Laure délaissée, lui lance " J'étais venue vous chercher pour Agnès... Quittant tous trois la bibliothèque, Ludivine s'aperçoit que les doigts de Laure serrent tellement le livre qu'ils en sont livides, et qu'elle même continue à déchirer à coups d'ongles dans sa poche, ce qui a du être son mouchoir. Les Vernet de Tourvieille repartis, Frédéric en éprouve regrets et soulagement. Il veut redevenir sans reproche, mais Ludivine est tellement déçue. Sa force de résistance a tenu tant que Laure était là, mais aujourd'hui elle se sent vide, elle aimerait ne plus aimer Frédéric, s'en libérer. Sa rancune la rend injuste, elle voit le mal partout. Ils se disputent, claquent les portes. Sa grossesse ne lui permet plus de s'occuper du Domaine, d'ailleurs elle n'en a plus envie. Elle reste à la maison, s'occupe davantage de ses filles. Hubert se rapproche d'elle, il lui lit des poêmes. Ludivine se laisse bercer.  Devant les incessantes bouderies de Ludivine, Frédéric rentre de plus en plus tard. Hubert est parti à la Sarrazine sur l'invitation de Léon, à la maison, Ludivine n'en peut plus des autres, tout l'horripile. Et en ce début d'après-midi, elle part en promenade, solitaire. Elle pense que déjà tout est fini pour elle, elle pense à Elise, si heureuse avec son mari et son petit garçon nouveau-né. A Vincent qui sait si bien se pencher sur sa femme, l'embrasser, la couvrir de mots tendres devant n'importe qui. Elle aurait tellement adoré être aimée de la sorte, mais Frédéric ne s'est jamais abandonné de cette façon en public, même au plus fort de leur amour. Et maintenant!!!! Le voilà justement sur le chemin, il lui propose son aide pour se relever, elle refuse. Il lui propose son bras, elle refuse. Alors que de tout son être elle le demande. Il semble indifférent et la distance, elle bute sur une grosse pierre sans qu'il s'en aperçoive. Elle se sent misérable, abandonnée. Elle se demande s'il continuerait son chemin tranquillement si elle mourait. Et dans un sursaut de rage, elle prend sa course, dépasse Frédéric médusé et disparaît dans la rivière.


Frédéric a plongé pour sauver Ludivine. Transportée chez Ranguis, puis à Mogador, Adrienne a pris la rescapée sous son aile. Mais malgré les soins dispensés la fièvre a repris. Plusieurs jours Ludivine a déliré, Frédéric est mortellement inquiet, de sa chambre Julia l'entend s'agiter dans le couloir, la chambre, consciente de n'être d'aucun secours pour lui. Hubert est revenu de la Sarrazine, anxieux, il attend. La maison vit au rythme de la malade. Quinze longs jours durant, avant que le docteur Lapierre ne déclare Ludivine tirée d'affaires. Mais la température n'est pas redevenue normale et un temps stationnaire se remet à monter sournoisement. Jusqu'à cette nuit où le mistral déchaîné jetant sur la campagne des rafales glacées et dont le hurlement n'atténue pas celui de Ludivine. Nuit de bataille, nuit d'orage pour l'arrivée d'une petite fille, en avance d'un bon mois sur le calendrier. Une petite fille point trop belle, avec une bouche trop grande dans son petit visage, chétive, blafarde mais pourtant bien vivante et qui a reçu un prénom de reine, Christine. Cinq mois ont passé depuis cette terrible nuit de novembre, Adrienne veille sur les trois petites filles, et se prend à rêver... Un mari, des enfants bien à soi. Personne ne l'a jamais demandé en mariage, personne jusqu'à hier et depuis, Adrienne ne cesse d'y penser. Elle ne s'y attendait pas, elle croyait que Monsieur Charles Guillermin venait tromper sa solitude après la mort de sa soeur. Il jouait au tric-trac avec Julia. On en plaisantait même "le soupirant de Mère". Et puis, Adrienne l'avait raccompagné jusqu'à la grille et il s'était déclaré. Quel bonheur pour Adrienne d'être enfin celle qu'un homme a choisi. Troublée, émue, si peu sûre d'elle, elle choisit de se confier à Ludivine et la charge d'en informer sa mère. Le lendemain, tout Mogador est au courant. A Frédéric qui lui en parle, Julia estime qu'Adrienne et Charles Guillermin sont tout à fait assortis mais elle est sûre qu'Adrienne ne se décidera pas. Et c'est un fait que, hésitante, désemparée elle passe de l'un à l'autre. Raillé, moqué, Charles, malgré sa bonne figure empreinte de bonté, ne correspond  pas à l'idéal de ses rêves. Et puis Isabelle a la rougeole, et la petite ne veut auprès d'elle que sa Tatie et nulle autre. Isabelle enfin guérie, Adrienne donne sa réponse et l'on enterra l'affaire.
Après un voyage à Paris où Frédéric, Ludivine et Hubert assistent à la visite du tzar et de la tzarine, après quelques jours d'amusements, de découvertes pour Hubert, les voilà rendus à la mauvaise saison. Le froid est intense, le Rhône charrie des glaçons, la neige tombe. En cette fin de novembre, un télégramme arrive de Camargue : Tante Lucie est au plus mal.Et quand ils arrivent à Tourvieille, Tante Lucie est morte. Elle est allongée dans sa robe de satin blanc un peu jaunie, frêle et paisible. Elle n'a pas souffert.En avril 1897, alors que le printemps fait oublier la rudesse de l'hiver, c'est l'Oncle Antoine qui décède subitement. Mais la vie continue, Ludivine toujours coquette règne sur le coeur de son mari et sur celui d'Hubert dont la vénération augmente jour après jour.
La revoilà enceinte, et cette grossesse est particulièrement pénible. Le 1er février, elle met au monde une nouvelle fille, suivi trois heures plus tard de la naissance de François Vernet. Frédéric, en liesse s'en étrangle de joie. Tandis que seule dans son berceau après avoir un peu pleuré dort la petite Dominique.1898, c'est aussi les querelles, le monde s'agite, les espagnols sont pris à partie par les américains et leur cédent les Philippines, le Tzar envoie ses troupes s'emparer de Port Arthur, l'Empereur Guillaume a envoyé les siennes occuper Kiaô, Tchéou. C'est la victoire d'Omdurman, celle de Fachoda. C'est aussi la mort de Sissi tombée sous le couteau de Luigi Luccheni. Une jeune Reine, Wilhelmine prend les rênes des Pays-Bas. Mais c'est surtout l'Affaire Dreyfus, qui, après le "J'accuse" d'Emile Zola, publié dans l'Aurore qui portera les passions à son paroxysme. Hubert, lui ne se sent plus à sa place. Mogador prospère sous la poigne de Frédéric. C'est le chef de famille. Hubert se sent si pauvre. Etre né après celui qui a tout, le Domaine et ... la femme, celle qu'il aurait tellement aimée. Aucune autre femme ne l'a détourné de cet amour dont la puissance ne cesse de s'amplifier. Mais il y a son frère, Frédéric, bourru et fraternel, qui lui fait confiance. Hubert en éprouve de la honte " qu'il ne sache jamais quel sale bougre je suis".Depuis la découverte du "bordereau", Frédéric et Hubert étaient passés dans le camp des "Dreyfusards", ce qui avait causé un petit scandale alentour. Depuis, on les boudait quelque peu.
Après avoir subi quelques attaques fielleuses contre son mari et son beau-frère, dans un esprit de clan elle les avait défendu mais devant les mines réprobatives dans les différents salons, humiliée, elle avait choisi de rester chez elle. Seules, ses visites chez Elise lui permettaient d'évacuer la rage qui l'étouffait et d'y trouver du réconfort. Elise qui est à nouveau enceinte. Octobre 1899, Ludivine reprend possession de "La Gloriette" dont le bail s'est terminé à la St Michel dernière. Accompagnée d'Hubert, elle se rend dans ce grand mas qui l'a vu naître. Il est presque à l'abandon, mais la terre est bonne, Hubert propose son aide pour remettre le Domaine en état. Tout au long de cette journée, Hubert se dévoile un peu. Et quand, Ludivine, troublée par cette visite se laisse aller à la mélancolie, il s'approche d'elle pour la consoler. Reprenant ses esprits, voyant le visage décomposé d'Hubert penché sur elle, elle se relève d'un bond. Furieuse contre elle, furieuse contre lui, le retour est peu loquace. A leur arrivée, Frédéric les accueille avec la nouvelle du jour : C'est la guerre au Transvaal. Fatiguée, Ludivine rejoint sa belle-mère qui attend les résultats de sa visite. Par charité, elle lui explique que la Gloriette n'a pas changé, ce qui ravive dans le coeur de Julia ses souvenirs de jeune fille. Peu de temps après, elle propose à Hubert de lui donner la Gloriette en contrepartie de sa part sur Mogador, bien évidemment une estimation serait faite et une soulte serait convenue si La Gloriette ne représentait pas le tiers de Mogador. Mais Hubert refuse, il a décidé de partir en Afrique soutenir les Boers. Et bien que Ludivine essaie de le dissuader, évoque la mauvaise santé de Julia , Hubert reste sourd. Hubert  embarque le 26 octobre à Marseille, son départ en a fait le héros du pays. La veille de son départ, assis auprès de sa famille,  il sait qu'il n'oubliera pas ce moment.  Sa mère, pour qui il avait fourbi ses arguments, avait cédé à sa requête, dès les premiers mots. Se pouvait-il  qu'elle se doute? Pourtant, jamais, devant elle....   Noël est passé,  les lettres d'Hubert sans être nombreuses arrivent régulièrement.
Cependant, fin février, on apprit que l'armée d'Hubert était repoussée par les anglais. L'inquiètude que chacun s'attache à cacher devant Julia. Et l'attente de nouvelles qui n'arrivent pas...  il faut attendre la fin juin pour recevoir la lettre tant attendu, elle est datée du 10 avril, Hubert a été blessé, mais sa blessure n'est pas grave. Et puis, c'est l'aveu de Frédéric à Ludivine, il veut rejoindre son frère en Afrique. Ludivine ne l'accepte pas. Pendant plusieurs jours elle espère que Frédéric ne mettra pas son projet à exécution, jusqu'à ce jour de septembre où il annonce qu'il ira faire un tour à Marseille. Aussitôt Ludivine comprend, elle crie. Julia qui somnole dans son fauteuil s'étonne. Alors, Ludivine lui explique tout. Une dispute s'engage entre les époux, dans laquelle Julia essaie de raisonner son fils. Finalement voyant que la discussion ne rime à rien, elle envoie Ludivine se reposer et demande à son fils de la raccompagner dans sa chambre. Elle ne réussit pas à le convaincre et Frédéric part pour Marseille.
Quand il revient les bras chargés de cadeaux. Ludivine les reçoit sans plaisir et demande à Eugénie de les ranger. Frédéric doit partir dans trois semaines, content d'en être sûr, il est très gentil avec sa femme. C'est un véritable déchirement pour Ludivine, qui tente encore de le garder, en vain. Tout leurs amis félicitent le courafge de Frédéric, même Elise et Vincent  (heureux parents d'un deuxième enfant, Henriette). Quand Frédéric lui apprend qu'il a commandé les chevaux pour deux heures afin de sortir sur le Domaine, il lui vient cette idée, terrible, une idée qui ne peut survenir que quand on a épuisé tous ses recours.
Elle coupe largement la sangle de la monture de Frédéric.
L'attente après son départ est presque insupportable, devant l'attitude de sa belle-fille Julia devine qu'il se passe quelque chose. Quand on ramène Frédéric, les deux femmes sont à bout de résistance. Frédéric a fait une sacré chute, mais bien qu'il soit couvert de sang, seule sa jambe est cassée. Après quelques jours où Frédéric se remet de son accident, Ludivine le découvre avec la selle sur le lit. Il vient de découvrir les coupures et aussitôt se demande qui sont ses ennemis. Ludivine essaie de minimiser l'affaire mais quand il demande à voir Florent le valet d'écurie, elle se dénonce. C'est tout à coup la haine dans le regard de Frédéric, une dispute effroyable s'engage qui fait intervenir Julia. Après avoir entendu les explications de sa belle-fille, vu la hargne de son fils qui accuse, Julia coupe court en assurant que Ludivine a bien fait. Elle explique le départ de Rodolphe, son retour, blessé, ses années d'agonie. Elle précise que Rodolphe, c'était pour notre pays qu'il était parti, mais que lui Frédéric n'était réclamé par personne. Elle regrette de n'avoir pas eu elle aussi l'égoïsme ou le courage de Ludivine. Et elle conclue en s'adressant à Frédéric "Quelle que soit ta décision, tu nous jugeras ensemble. Pendant plusieurs jours elle espère que Frédéric ne mettra pas son projet à exécution, jusqu'à ce jour de septembre où il annonce qu'il ira faire un tour à Marseille. Aussitôt Ludivine comprend, elle crie "non". Julia qui somnole dans son fauteuil s'étonne. Alors, Ludivine lui explique tout. Une dispute s'engage entre les époux, dans laquelle Julia essaie de raisonner son fils. Finalement voyant que la discussion ne rime à rien, elle envoie Ludivine se reposer et demande à son fils de la raccompagner dans sa chambre. Elle ne réussit pas à le convaincre et Frédéric part pour Marseille.
Quand il revient les bras chargés de cadeaux. Ludivine les reçoit sans plaisir et demande à Eugénie de les ranger. Frédéric doit partir dans trois semaines, content d'en être sûr, il est très gentil avec sa femme. C'est un véritable déchirement pour Ludivine, qui tente encore de le garder, en vain. Quand Frédéric lui apprend qu'il a commandé les chevaux pour deux heures afin de sortir sur le Domaine, il lui vient cette idée, terrible, une idée qui ne peut survenir que quand on a épuisé tous ses recours. Elle coupe largement la sangle de la monture de Frédéric. L'attente après son départ est presque insupportable, devant l'attitude de sa belle-fille Julia devine qu'il se passe quelque chose. Quand on ramène Frédéric, les deux femmes sont à bout de résistance. Frédéric a fait une sacré chute, mais bien qu'il soit couvert de sang, seule sa jambe est cassée. Après quelques jours où Frédéric se remet de son accident, Ludivine le découvre avec la selle sur le lit. Il vient de découvrir les coupures et aussitôt se demande qui sont ses ennemis. Ludivine essaie de minimiser l'affaire mais quand il demande à voir Florent le valet d'écurie, elle se dénonce. C'est tout à coup la haine dans le regard de Frédéric, une dispute effroyable s'engage qui fait intervenir Julia. Après avoir entendu les explications de sa belle-fille, vu la hargne de son fils qui accuse, Julia coupe court en assurant que Ludivine a bien fait. Elle explique le départ de Rodolphe, son retour, blessé, ses années d'agonie. Elle précise que Rodolphe, c'était pour notre pays qu'il était parti, mais que lui Frédéric n'était réclamé par personne. Elle regrette de n'avoir pas eu elle aussi l'égoïsme ou le courage de Ludivine. Et elle conclue en s'adressant à Frédéric "Quelle que soit ta décision, tu nous jugeras ensemble. Frédéric s'est remis de sa chute, Elise a eu une petite Henriette, la vie semble continuer tranquillement.
1900 toutefois voit la mort tragique d'Edmond Angellier et de Julien de Clarens, le mari d'Emilie. Ils se sont noyés en essayant un canot de leur invention. Emilie se retrouve seule avec sa petite Marguerite. Ludivine et son mari sortent beaucoup, malgré son accident, Frédéric est devenu un héros auprès des femmes, elles ne  cachent pas leur admiration. Ludivine se tait et donne le change. Cependant, son coeur est dévoré de jalousie. Elle voit trop souvent Frédéric s'isoler avec une belle. Bien souvent Frédéric ne rentre pas pour les repas, et le soir venu, il s'endort. Ludivine supporte mal ces attentes, cette semi indifférence. Une fin d'après midi, elle décide d'aller attendre Frédéric à l'entrée du Domaine, mais ce n'est pas Frédéric qui arrive. C'est Hubert qui revient enfin. C'est une grande joie pour tous.  Au cours des jours qui suivent, Hubert remarque la tristesse de Ludivine, l'attitude de Frédéric. Il se sent mal au milieu de ce domaine trop longtemps quitté. Son amour pour Ludivine le blesse, il lui demande alors de lui céder La Gloriette sur sa part de Mogador. Ludivine l'aide alors à s'installer, entre eux, une complicité se noue. C'est Ludivine qui fait les honneurs de La Gloriette, quand Hubert l'ouvre à ses amis. Marcelline Chabert, maîtresse de Frédéric ne se cache pas pour lui en faire des remarques désobligeantes envers Ludivine, Frédéric accepte mal cette malveillance. Cependant, la calomnie fait son chemin, c'est au tour De Frédéric d'avoir des inquiétudes. Un jour que Ludivine, fatiguée, désabusée, se plaint à Hubert, celui-ci désespéré par le profond chagrin de la jeune femme se jette à ses pieds, lui confie le grand amour qu'elle lui inspire, et l'embrasse. Fou de bonheur de voir qu'elle répond à son baiser, il lui propose de partir avec lui. Dans le lointain on entend la voix d'Anne appeler Isabelle. Le soir venu, Frédéric annonce que Ludivine ne descendra pas, Hubert en demande des comptes, ce qui déplaît à Frédéric, un échange verbal s'ensuit dans lequel Hubert assure Frédéric que Ludivine est prête à le suivre. Le ton monte. C'est Hubert qui attaque le premier et commence alors entre les deux frères une lutte d'une rare violence. Jusqu'à l'arrivée de Ludivine effrayée, alors, le choix s'impose pour elle et c'est vers Frédéric qu'elle se tourne. Avant son départ, Hubert rencontre la petite Isabelle qui lui dit qu'elle s'était cachée pour lire. Elle a tout vu. Elle le supplie de rester, il tente de lui expliquer, lui dit adieu et tandis qu'il s'éloigne Isabelle murmure : "Je la déteste". 1905 : Mort de Sophie, la soeur de Julia.1908 Charles Guillermin, veuf depuis 4 ans, est revenu à Mogador. Adrienne, n'a plus hésité à lui dire oui, les deux enfants de Charles l'ont conquise, son instinct maternel a pris le dessus. Le mariage est prévu pour Avril et c'est Ludivine qui l'organise. Quand elle présente la liste des invités à Julia, celle-ci s'étonne de ne pas y voir Hubert. Ludivine pense que Frédéricn'acceptera pas, Julia demande à le voir. Une semaine après, Frédéric rentre et semble faire des mystères, puis au sujet de la voiture de Charles, il déclare qu'il compte s'en acheter une, il a vu celle de son frère aujourd'hui. D'ailleurs Hubert attend Adrienne et Charles à la Gloriette. Julia, heureuse, remercie son fils du regard. Ludivine, elle, se dit que la paix a été faite dans son dos.Le mariage d'Adrienne et de Charles se déroule sans accroc. Adrienne a fait de longues promenades dans ce domaine qu'elle va quitter pour "le Cigalier", le mas de Charles. Elle est heureuse de son bonheur tout neuf. Les enfants sont grands, Isabelle à 17 ans, elle étrenne pour la circonstance une robe vraiment longue, Anne l'envie et l'admire. Leur caractère est à tous différent. Isabelle, grave, désabusée, ne croyant pas à l'amour, à cause d'une pénible scène dont elle a été volontairement le témoin. Anne, rieuse, gaie, coquette, sentimentale. Christine, un peu guerrière, secrète.  François, le prince de la maison et Dominique la discrète, sensible et timide qui regarde vivre ses trois magnifiques soeurs. Quel sera leur destin? Hubert quant à lui, souffre toujours en silence de cet amour qui se partage à la haine. Il redoutait pourtant de revoir Ludivine. Cela ne s'est pas mal passé pourtant.Le soir des noces, avant de partir, il est allé voir sa mère. Julia, à qui il a tant manqué, s'excuse de n'avoir pas su le défendre mieux, de l'avoir sacrifié, mais Hubert ne lui en veut pas, ne la considère pas responsable de cette faillite. Elle ne veut pas partir en sachant qu'il est seul, sans famille, il lui promet, sur sa demande, de se marier ou du moins d'y penser.Frédéric a attrapé le virus de l'automobile, lors d'un voyage à Paris où, avec Ludivine il a visité la Décennale de l'Automobile, il a choisi une Panhard Levassor double phaéton torpédo. C'est une voiture de tourisme confortable, ce qui tranquillise Ludivine.
Peu après les fêtes du bout de l'an, Frédéric et Hubert partent chercher la fameuse voiture. 1909, la Provence s'apprête à fêter le cinquantenaire de Mireille et  l'inauguration de la statue de Mistral en Arles. Ludivine et ses filles comptent y participer en costumes d'époque, c'est à la Gloriette dans les malles de Félicité qu'elles trouveront leur bonheur. Hubert est parti en Camargue et Frédéric compte le rejoindre avec la voiture. Ludivine accaparée par les préparatifs et bien que regrettant de le voir partir, accepte ce nouveau plaisir de Frédéric, bien différent de ceux qu'il a pu avoir auparavant. C'est au cours de ces fêtes que Ludivine prend conscience du temps qui passe, ses filles Isabelle et Anne sont de vraies jeunes femmes. A l'âge d'Isabelle, Ludivine était déjà mariée. Mais c'est Anne qui semble suivre ses traces, elle a reçu lors de l'inauguration une rose dans son corsage. Depuis elle n'arrête plus de chanter. Mogador reçoit beaucoup le dimanche, des nouveaux amis de Frédéric, ceux plus anciens du couple, des jeunes gens, dont Numa le fils de Laure, le préféré de Ludivine et de Julia et Gaspard de Barcarin fou amoureux d'Anne. Charles et Adrienne, Vincent et Elise… les journées se terminent souvent par un bal. Le temps est à la sérénité, la quiétude. Au cours des jours suivants, Frédéric est rentré plus tard que prévu d'une course à laquelle il a assisté (soi-disant en spectateur) avec Hubert. Il n'est pas bien tranquille et il a raison, alors qu'il s'est absenté pour essayer de prévenir quelques amis, une troupe de joyeux gaillards afflue sur Mogador et réclame à cors et à cris « VERNET ».

Deux ans ont passé, Ludivine et Frédéric rendent souvent visite à Isabelle, la savoir heureuse les console de sa décision. Elle a pardonné à sa mère, elle est en paix.C'est bientôt le temps des vendanges à Mogador. Ce matin là, Frédéric se presse, son emploi du temps est chargé, de plus Ludivine lui demande de passer à la Gloriette où Madeleine enceinte doit bientôt accoucher. Julia n'en peut plus d'attendre. Mais Frédéric ne rentrera pas, il ne rentrera plus, pour éviter un petit garçon il a fait une embardée qui l'a conduit contre un arbre. Ludivine avertie l'a retrouvé à la ferme où il a été transporté, il l'a réclamée, depuis il ne parle plus. Il meurt dans ses bras.
Les jours qui suivent la laissent désorientée, c'est si difficile de croire à cette mort. Les enfants, l'entourage se pressent auprès d'elle, essayant de la consoler, ces présences lui pèsent. Vincent et Elise viennent séparément presque tous les jours, Adrienne l'invite à venir au Cigalier, Madeleine enfin accouchée d'un petit garçon lui donne le prénom du disparu. Ludivine s'en fiche, il n'y a qu'un Frédéric. En quinze jours, elle est devenue méconnaissable, en tant que médecin, Vincent s'inquiète.
C'est vers sa belle-mère qu'elle se réfugie, combien de fois Julia a  t'elle  mis de côté son propre chagrin pour s'occuper de celui de Ludivine.... Cinq mois plus tard un petit incident vient la distraire momentanément de son chagrin, Anne a débarqué seule. Ravagée de chagrin, elle explique à sa mère qu'elle a trouvé une lettre sans équivoque écrite par une femme à Gaspard. Qu'elle est partie sans explication après avoir pleuré tout l'après midi.
Après avoir rencontré Gaspard accouru mais qu'Anne refuse de voir et qui lui a raconté combien il regrette, que c'est une bêtise, que cette histoire n'est qu'une frasque d'avant son mariage, il a été relancé et n'a pu résister, mais il le regrette car il adore Anne. Ludivine magnanime le console et lui promet de faire son possible pour les réconcilier. D'ici là elle ordonne à Gaspard de ne pas bouger de l'hôtel où il est descendu. Peu après elle se déplace à Montpellier pour aller voir Isabelle. François qui est solidaire de Gaspard laisse mijoter Anne, mamé Julia enfermée dans sa chambre ne lui est d'aucun secours, Christine sauvage et solitaire n'a plus la même complicité qu'auparavant, Dominique discrète, rêve à son cousin Numa. Esseulée, Anne habituée aux rires, se trouve bien isolée, elle imagine des scènes de retrouvailles pathétiques avec Gaspard. Mais Gaspard n'apparaît pas, et à la longue c'est assez vexant. De retour de Montpellier, Ludivine découvre ses 4 enfants sur le quai, cette attention lui fait chaud au coeur. Ils lui apprennent que Julia a passé une mauvaise journée. Elle monte voir sa belle-mère avec qui elle échange quelques mots avant d'aller se coucher exténuée. A cinq heures du matin elle est réveillée par Philo qui lui explique que Julia a de l'oppression et ne peut plus respirer. Vincent appelé arrive à la première heure, et après avoir visité Julia, il demande à Ludivine de faire prévenir Adrienne et Hubert. Ce n'est pas comme le croit Ludivine, la crise habituelle. Soulagée par une saignée et deux piqûres, Julia qui sait que c'est le dernier moment en profite pour faire ses adieux, apaisée, sûre de retrouver son Rodolphe, elle console Ludivine que ce départ bouleverse. Constant est venu de la Sarrazine, sa soeur et lui ont pu se dire adieu. Au soir, sa journée terminée, Julia s'est éteinte. Servants et maîtres unis dans le désarroi pleurent celle qui a régné longtemps sur son domaine. Cinq mois ont passé, François s'occupe de Mogador, souvent Ludivine l'accompagne sur les terres, même Christine de temps à temps fait route avec eux. Anne réconciliée avec Gaspard depuis le décès de Julia est à Rome où elle mène une vie dorée qui fait rêver ses soeurs. Elle doit leur rendre visite fin août. Mais une dépêche apprend que le jeune ménage arrivera le 25 juillet. A leur arrivée, Gaspard leur apprend qu'il repart le soir même, en aparté, Ludivine lui demande ce qu'il se passe. Gaspard lui répond que la guerre est proche. ,Ordre de mobilisation, Mogador voit défiler tous ces jeunes qui partent au combat. Tous s'en vont, Gaspard, les frères du Roveret, Numa et son beau-frère Henri Fauvelly le mari d'Agnès, Alban Marquet-Rageac, et aussi Georges et Léon Vernet, les frères de Madeleine, Hubert. Ludivine se console en pensant que François est trop jeune pour partir et Frédéric n'est plus là, elle n'aura pas comme toutes les autres épouses à trembler pour lui. Septembre revint et ce jour anniversaire où Frédéric s'en était allé pour toujours. Le temps était beau oubliant que dans les tranchées des hommes mouraient chaque seconde. Lettre de Gaspard qui va bien, qui leur apprend qu'il a trouvé Numa sur le front. Dominique se souvient de son départ elle sent encore la moustache fauve effleurer sa joue. L'automne s'enfuit laissant place à l'hiver, des nouvelles arrivent, Anne écrit tous les jours à son mari, Christine entretient une correspondance plus étendue, mais c'est surtout Alban Marquet-Rageac le plus assidu. Et quand on lui en fait la remarque, elle s'étonne!!! Anne et Christine se sont engagées comme infirmière à l'hôpital militaire de Tarascon. Ludivine accepte, à la demande d'Anne, de recevoir des blessés convalescents à Mogador. François fait amitié avec tous et se régale de récits du front. Ludivine n'a guère le temps de s'occuper de ses hôtes, absorbée par le domaine auquel manque tant de main d'oeuvre. François voudrait bien qu'elle achète une automobile, mais c'est trop demander à Ludivine. Une lettre apprend à Anne que son mari est blessé, elle part aussitôt à son chevet. Peu de temps après, un matin de juin, on découvre Philo morte. La vieille camériste de Julia n'a jamais voulu quitter sa vieille maîtresse et quand Adrienne lui a demandé de venir au Cigalier après le décès de Julia, Philo a refusé, trop enracinée à Mogador. Elle repose près du tombeau des Vernet, avec son petit Fulcran. Après les vendanges, alors que Ludivine et François font les comptes dans le bureau, Christine demande à s'entretenir avec sa mère. Le soir même dans un silence glacial, Ludivine informe ses enfants que Christine va se marier avec Alban Marquet-Rageac. Le mariage a lieu sans apparat et c'est presque aussitôt que les nouveaux époux partent pour Lyon avant de regagner Bar le Duc où Christine sera infirmière dans l'ambulance d'Alban. Gaspard rendu inapte au service a repris son travail de diplomate, nominé à New York, ils sont venus Anne et lui faire leurs adieux à leurs parents. Mogador est déserté, Dominique se rend souvent chez sa marraine Elise où en compagnie d'Henriette, elle se rend utile auprès des convalescents. François les y rejoint souvent pour le plus grand plaisir d'Henriette. En ce mois de février 1916 les jumeaux ont eu 18 ans cet anniversaire est passé inaperçu on ne les fête plus depuis la mort de Frédéric. Mais François lui y pense, il pense être en âge d'aller se battre. Il cherche le moment opportun pour en parler à Ludivine. Les nouvelles du front ne sont pas bonnes, Henri Fauvelly est rentré à Tourvieille amputé d'une jambe. Georges Vernet a été blessé. François se confie à Henriette, il doit partir, il ne peut pas laisser ses compagnons se battre sans lui. Henriette se met à pleurer et François découvre qu'elle éprouve pour lui autre chose que de l'amitié. et ébloui s'aperçoit qu'il partage le même sentiment. Fort de cet amour, il trouve le courage de dire à sa mère qu'il souhaite partir au front, elle s'y oppose violemment. Chaque jour apporte des nouvelles de blessés, de morts, François ronge son frein, il disparaît des journées entières, Ludivine ne dit rien. Tout plutôt que de le voir partir. C'est incidemment, par Elise, qu'elle apprend que François voit souvent Henriette.
C'est au tour d'Hubert d'être blessé, il a été évacué sur Vannes où Madeleine l'a rejoint laissant le petit Frédéric aux bons soins de Dominique. Pour faire la paix avec son fils, elle lui propose de racheter une automobile, ce qui rend fou de joie le jeune homme. C'est avec elle que François accompagne sa mère à la Gloriette rendre visite à Hubert revenu à la vie civile. Passionné par les récits de son oncle et parrain, François se partage entre Henriette et Hubert. Tant et si bien que Ludivine exaspérée par ses cachotteries lui demande des comptes au sujet d'Henriette.  Ils iront au plus tôt faire la demande en mariage.  A la fin de l'année, Numa vint en visite galonné Lieutenant, et avant de repartir il demande à Dominique de lui faire un brin de conduite. Et au moment de se quitter, Numa l'embrasse sur les lèvres.
La ronde des permissionnaires persuade davantage François. Il doit partir. Il revient à la charge auprès de sa mère qui ne veut pas accepter, une cruelle dispute les laisse exangue tous deux. Finalement devant le désarroi du jeune homme, Elise intervient, elle sait bien que François partira avec ou sans le consentement de sa mère. Doucement elle essaie de convaincre Ludivine, mais Ludivine est trop malheureuse, elle se révolte arguant que de ses cinq enfants, l'une est au couvent, l'autre en Amérique, la troisième dans l'Est à deux pas du front et il faudrait qu'elle donne son fils unique, le portrait vivant de son Frédéric. C'est alors qu'intervient François, affrontant une nouvelle fois sa mère. Dans un désespoir mêlé de haine, d'une voix méconnaissable elle lui donne la permission de partir et quand il essaie de la prendre dans ses bras elle se dégage. Seules Henriette et Dominique l'accompagneront à la gare. Une longue lettre tendre pour sa mère lui apprit qu'il était monté au front mi-juillet, le 20 août François tomba au Bois des Corbeaux et ne se releva pas.
Effondrée elle apprit huit jours plus tard le décès de Christine, tombée à bicyclette dans un trou d'obus, après 48 heures de souffrance, elle avait avorté avant qu'une septicémie foudroyante l'emporte. Anéantie, sans réaction, Ludivine se terrait dans sa chambre. Et quand elle rejoignit Dominique ce fut d'un air absent. Peu à peu Ludivine se déchargea des soucis du domaine sur Dominique. Au début du printemps, Ludivine semblant s'éveiller de sa nuit opaque voulut se promener au soleil. Plus un cheval dans les écuries et ne voulant pas user de la voiture de François, elle décida d'aller à pied. Elle fit presque le tour du domaine arrivant sur le perron en nage et fourbue. Le lendemain elle se plaignit de sa nuit et garda plusieurs jours le coin du feu en toussant.
Numa revient en permission et passe la nuit à Mogador, le lendemain Dominique le raccompagne à la gare, ils reparlent de leur adieu de l'an dernier, bravache Dominique fait semblant de croire que c'était pour rire et Numa acquiesce. Cependant il lui demande de lui écrire.
A son retour de la gare, Mathilde lui apprend que Ludivine s'est trouvée mal. Le docteur de Tarascon ne cache pas la gravité de son état. Ludivine l'a compris  et ne cherche pas à lutter. Elle demande à voir Hubert pour lui confier Dominique. Un grain de sable fait dévier la conversation qui tourne au drame, si près de la mort, Ludivine demande à Hubert s'il lui a pardonné. C'est si vieux. Mais Hubert dans un affolement incontrôlable lui refuse son pardon. Un torrent de haine s'échappe de sa bouche. A son tour Ludivine se fache, le chasse et bien qu'il veuille revenir sur ses paroles elle refuse d'aller plus loin. Ludivine meurt cette nuit là dans son sommeil.